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Salto : quels moyens pour quelle ambition ?

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Salto : quels moyens pour quelle ambition ?

SVOD, je t’aime moi non plus

Ce n’est un secret pour personne TF1 et M6 n’ont jamais été très promoteurs d’une offre de SVOD, pas plus à la Netflix qu’à la Hulu. En 2013, l’Express rapportait les propos de Nicolas de Tavernost, PDG de M6, dans un article intitulé : « M6 laisse tomber ses projets dans la VOD sur abonnement » et écrivait :  « La SVOD est un marché qui me paraît extrêmement difficile », a relevé Nicolas de Tavernost , laissant le soin aux « grands acteurs plus forts » que M6 de se développer sur ce marché. » Il précisait même à cette époque que « les discussion avec TF1 n’ont finalement jamais eu lieu. » Une manière élégante de renvoyer une fois de plus la chaîne de Boulogne dans les cordes.
Du côté de TF1, toujours en 2013, on apprenait via BFMBusiness que le projet SVOD était abandonné.  Dans le même temps, la presse mentionnait les propos du PDG de la Une de l’époque : « Je ne peux pas lancer une activité qui va être percluse d’obligations par rapport à des compétiteurs qui eux vont caracoler à la fois avec des modèles économiques très supérieurs aux nôtres et sans aucune des obligations que la régulation impose aux acteurs français. A un moment donné, il faut se dire que la mondialisation existe. »

Depuis plus de 10 ans, TF1 et M6 n’ont cherché à développer que leur offre gratuite basée sur la publicité. Ce qui a donné naissance à 6Play et à myTF1 et qui constitue désormais la colonne vertébrale de leur offre premium, chèrement vendue aux FAI après plusieurs années de négociations. Salto va donc devoir trouver sa place face et à côté des services premium des deux groupes privés.

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50 millions ou 18 millions d’euros ?

Mais en quelques semaines, les choses ont changé : sous la pression des pouvoirs publics et du gouvernement, combinée à celle exercée par Netflix sur le marché de la SVOD, les trois groupes se sont alliés autour d’un projet dont les Echos estiment  que « France Télévisions, TF1 et M6 engagent 50 à 60 millions à trois au total dans cette aventure. Ce n’est pas beaucoup, notamment parce qu’il faut déjà financer la technologie et que les spectateurs sont habitués à surfer sur des sites de grande qualité. »

Un chiffre discutable dans la mesure où en interne France Télévisions a annoncé investir 6 millions d’euros dans un premier temps. Si la contribution de chaque acteur est égale, cela correspondrait à une enveloppe de 18 millions d’euros. Ces 18 millions suffiront-ils à développer une plateforme capable d’offrir la même expérience que les services les plus populaires, Netflix en tête ? Ces 18 millions suffiront-ils à financer des campagnes marketing au-delà de l’autopromotion faite par les chaînes sur leurs propres antennes ? Enfin, quelles sommes seront consacrées aux acquisitions de programmes exclusifs, dont on sait qu’ils sont un des principaux arguments de recrutement des services de SVOD ? A moins d’imaginer un monde dans lequel les 3 groupes apporteront gratuitement à Salto des droits exclusifs acquis pour leurs propres besoins et finalement mis à disposition de la nouvelle plateforme.

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Vers quel mode de management ? 

La question du management deviendra rapidement centrale si les 3 actionnaires veulent voir Salto prendre une place importante sur le marché : le patron ou la patronne de Salto devra savoir imposer ses choix stratégiques aux actionnaires, garantir une égalité de traitement dans les programmes, résister aux pressions des patrons de chaînes et incarner une offre que tout le marché surveillera de près. Plusieurs noms circulent déjà, sans qu’on sache comment s’organisera cette nouvelle entité et de combien de collaborateurs elle sera dotée. L’expérience de TPS devra servir à cette nouvelle génération de managers afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs d’un service géré à trois.