Kapten (exChauffeur Privé) : multicloud et microservices prochainement administrés avec Kubernetes
Le service de VTC Chauffeur Privé se renomme Kapten et s’engage dans une stratégie d’augmentation visant à propager par 5 son chiffre d’affaires et le nombre de ses clients d’ici 2020. Sur le versant technologique, la plateforme de mise en relation repose sur une architecture de microservices, bientôt orchestrée via Kubernetes, et sur un hébergement multi-cloud recourant à AWS et GCP.
Chauffeur Privé change de nom et d’identité visuelle pour soutenir des objectifs très ambitieux, en France et à l’international. Rebaptisé Kapten, le service de mise en relation avec des VTC s’installe à Genève dans quelques jours et à Londres dans quelques semaines. Il s’est déjà lancé à Lisbonne en novembre. D’ici 2020, le challenger français d’Uber, co-fondé en 2011 par Yan Hascoet et Othmane Bouhlal, projette de quintupler son chiffre d’affaires 2018 de 160 M€ et d’atteindre les 10 millions de clients, ainsi que l’ont exposé les dirigeants ce matin, lors d’un communiqué de presse à Levallois-Perret, dans les locaux de leur siège social. Pour l’instant, Chauffeur Privé compte 2 millions de clients parmi lesquels 2 000 entreprises (environ 15 à 20% de courses BtoB dans le volume total de courses de la plateforme). La mue vers Kapten est effective depuis aujourd’hui sur l’app mobile. Exit le logo cravaté, remplacé par un simple K et ponctué d’un slogan : « Peut-être le meilleur choix de votre journée ». Le tout se conduit d’une campagne marketing tous azimuts, un peu décalée, qui joue sur l’autodérision.
Une fonction « Retour à la maison » pour les chauffeurs
Des tâches seront ajoutées à l’app courant 2019. Pour l’instant, le changement d’identité ne modifie pas encore l’expérience utilisateur si ce n’est l’ajout, pour les 22 000 chauffeurs collaborateurs du service, d’une très intéressante fonctionnalité « Retour à la maison ». Une fois que les VTC auront saisi leur adresse de retour, seules les courses se trouvant sur le trajet de leur domicile leur seront proposées. Les chauffeurs voient aussi baisser leur temps d’attente gratuit de 5 à 3 minutes. Du côté des clients, le prix de la course minimum descend à 6 euros, contre 8 aujourd’hui. Pour que les chauffeurs partenaires ne pâtissent pas de cette baisse (qui porte sur 10% des courses), Kapten s’engage à la compenser jusqu’au retour de la rentabilité pour le chauffeur, l’objectif de la baisse étant d’admettre aux VTC d’augmenter le nombre de leurs courses. Cette compensation financière ne vaut pas pour les nouveaux chauffeurs qui rejoignent le service (environ 400 chaque semaine). D’ici 2020, Kapten vise les 70 000 chauffeurs partenaires, soit 3,5 fois plus que maintenant.
Depuis fin 2017, Chauffeur Privé a été régulièrement racheté par le constructeur allemand Daimler qui aura 100% du capital fin 2019. Ce dernier vient de combiner ses services de mobilité urbaine avec ceux de BMW Group au sein d’une co-entreprise couvrant 5 activités : ReachNow (plateforme multimodale), DriveNow (partage de véhicules), ParkNow (réservation de parking) et ChargeNow (stations de rechargement), auxquelles s’ajoutent 4 services de VTC dont Chauffeur Privé, désormais Kapten, qui cohabite avec l’Allemand mytaxi, le Roumain Clever Taxi et le Grec Beat.
Un choix multi-clouds pour l’hébergement de la plateforme
Pour mettre en œuvre la plateforme technologique sur laquelle s’appuie son service, Kapten assemble une équipe de R&D de 70 personnes (sur un effectif total de 250 collaborateurs). Cette force d’ingénierie devrait être portée à 130 personnes d’ici 2020. Interrogé par la rédaction sur les algorithmes qui marquent la différence de Kapten vis-à-vis de ses concurrents, Yan Hascoet et Othmane Bouhlal ont mis en avant « le service client proactif qui permet d’identifier les courses douteuses avant même que le client ne se plaigne et de lui proposer un dédommagement ». Sur la réservation de courses à l’avance, d’une demi-heure à plusieurs mois, les co-fondateurs estiment aussi faire mieux qu’Uber.
Pour recueillir sa plateforme, la société française a choisi de répartir sur plusieurs clouds son application basée sur une architecture de microservices. Elle s’appuie à la fois sur l’infrastructure européenne AWS (à Dublin notamment, pas à Paris) et sur la Google Cloud Platform pour fiabiliser la disponibilité du service. « Notre stratégie est d’ouvrir le plus possible notre service sur du multi-providers pour garantir les taux de disponibilité et l’améliorer mois après mois », nous a confié ce matin Gilles Rasigade, le CTO de Kapten. « Toute la partie bases de données est hébergée sur plusieurs fournisseurs, AWS et GCP. Ensuite, chaque micro-service répond à une seule problématique que l’on peut déployer où l’on veut ». Pour l’instant, les microservices sont déployés un à un sur Heroku, orchestrés par des outils développés en interne par la R&D basée à Levallois-Perret. Sur son site développeurs Kapten Engineering, la société retrace sa pile logicielle qui comporte plus de 110 microservices utilisés sur plus de 2400 déploiements.
Prochaine bascule sur Kubernetes
« Nous sommes en train de basculer sur Kubernetes pour passer complètement à l’échelle et garantir une architecture résiliente par définition ». Testée depuis un an, l’utilisation de Kubernetes pour orchestrer la conteneurisation a été présentée par l’équipe de R&D à l’occasion de Dot.JS, le propos Javascript qui s’est tenue à Paris en novembre dernier. « Nous sommes convaincus que notre service doit s’appuyer sur une technologie que nous maîtrisons de bout en bout et que nous faisons évoluer avec une vision commune », déclare Gille Rasigade.
Concernant les outils de développement de la plateforme, le stack de Kapten s’appuie sur Node.js, Go et Python pour le backend et il recourt à Swift et Kotlin pour les apps mobiles. « Nous ne sommes pas fermés sur la technologie », tient à souligner le CTO. Pour renforcer les rangs de sa R&D, Kapten « recherche des profils ayant une appétence pour découvrir de nouveaux langages, des profils qui n’ont pas peur de résoudre des problèmes technologiques », nous a-t-il exposé ce matin. « Nous travaillons en agilité pour comprendre ce qui est demandé par les métiers et proposer la meilleure solution, ne pas être enfermés », mentionne-t-il. « En termes d’organisation, nous nous sommes inspirés du modèle de Spotify consistant à faire travailler les équipes de développement côte à côte avec les équipes métiers. C’est un cocktail qui a très bien fonctionné. » Il cite en exemple des développeurs présents aux côtés des métiers pour suivre la qualité de service des chauffeurs, « afin de pouvoir échanger librement et directement sur les besoins et proposer les meilleure solutions possibles ». L’organisation de Kapten a été retracée par la R&D sur Medium.
Sur l’année en cours, Kapten a prévu au total d’embaucher 150 collaborateurs de plus pour soutenir son plan de développement, en France (100) et en Europe (50) soit un effectif de 400 personnes fin 2019 (et 500 d’ici fin 2020). Son expansion internationale s’appuiera en effet sur un ancrage local. Le service bénéficie aujourd’hui d’une base de clients fidèles, 72% d’entre eux utilisant particulièrement son app mobile. La société veut maintenant s’étendre à une clientèle beaucoup plus large, étape indispensable pour atteindre ses objectifs. Le pari est audacieux mais Kapten bénéficie aussitôt de la puissance de feu de Daimler qui va lui permettre d’investir des dizaines de millions d’euros dans l’accélération de sa croissance.