/e/, un fork d’Android préoccupé de la vie privée
Un des auteurs de la distribution Mandrake, Gaël Duval, s’attèle activement au déclanchement du v1 de sa ROM /e/ (ex Eelo) basé sur LineageOS, un autre fork d’Android donc. Malgré une compatibilité avec près d’une soixantaine de smartphones et le support de 60 000 apps, cet OS peine pour l’instant à séduire les grands groupes.
Connu dans le monde de l’open source pour la distribution Mandrake (renommée plus tard en Mandriva), son attribution Linux développée en 1998, Gaël Duval est resté l’un des acteurs les plus en vue de la scène du libre en France. Son dernier projet ? /e/ – anciennement Eelo – un OS mobile basé sur LineageOS soit un autre fork d’Android – dont l’objectif est de créer une alternative à Android plus à cheval sur le traitement des données personnelles. En bêta depuis le mois de septembre dernier, ce système d’exploitation doit éprouver sa première version stable, prévue pour début mars, légèrement décalée par rapport à la date initiale de janvier 2019.
Aujourd’hui, la ROM /e/ est conciliable avec 56 appareils, contre une vingtaine dans ses premières semaines de test. La v1 comprendra par ailleurs un store de 60 000 applications, indépendant du Play Store de Google. Car c’est là la particularité de l’OS de Gaël Duval : contrairement aux précédents projets de ce genre, /e/ se veut accessible et non privatif. « Il n’y a pas d’avantage particulier à utiliser /e/ plus que LineageOS, par exemple, si on est capable de bidouiller un peu et qu’on a un minimum de bagage technique », confirme Gaël Duval. « Nous on veut juste ouvrir ça au plus grand nombre en packageant le système pour qu’il soit plus simple. » En clair, l’OS sera proposé avec des fonctionnalités et des applications respectueuses des données personnelles de l’utilisateur, mais celui-ci aura tout loisir d’établir les applications de son choix. Le store sera tout de même doté d’un outil attribuant à chaque app une note en fonction du nombre de permissions demandés à l’utilisateur et des traqueurs qu’elle installe.
En discussion avec OVH et Gandi pour des partenariats
Autre fonctionnalité destinée à faciliter l’utilisation de /e/, un « easy installer » sera disponible aux utilisateurs. « Il s’agit d’un logiciel que l’on télécharge sur son ordinateur, on branche son téléphone et on suit les instructions pour l’installation de la ROM. On a essayé de robotiser la plupart des opérations, et les éléments pour lesquels ce n’était pas possible sont expliqués le plus clairement possible », détaille M. Duval. Mais à terme, l’objectif sera de toute façon de proposer à la vente des téléphones avec /e/ préinstallé.
Dans cette optique, Gaël Duval continue de rechercher des accords avec des fournisseurs éventuels. « On travaille sur un accord avec une entreprise spécialisée dans les produits reconditionnés. On discute aussi avec des sociétés chinoises et on a des rendez-vous au Mobile World Congress de Barcelone à la fin du mois de février. Ça prend du temps. Et on se rend compte que ça sera compliqué de collaborer avec des grands groupes, la plupart étant bloqués par Google… » Côté fournisseurs d’infrastructures, l’entrepreneur parle de discussions avancées avec OVH, Gandi et d’autres partenaires éventuels dans l’idée de proposer aux entreprises des packages contenant la ROM, l’hébergement, le nom de domaine, etc.
Une première collaboration d’équipement au Moyen-Orient
Un premier contrat est d’ailleurs en cours de finalisation avec un micro-état au Moyen-Orient, dont le nom est pour le moment gardé confidentiel. « On va équiper des VIP au sommet de l’Etat », développe M. Duval. « Ce sont eux qui sont venus nous chercher car ils souhaitaient garder le contrôle sur leurs données, qu’ils préfèrent conserver sur leurs propres serveurs. » Une première expérience qui admet à l’équipe travaillant sur l’OS – une quarantaines de personnes en comptant les contributeurs occasionnels – de réfléchir aux besoins pour une application de gestion de terminaux mobiles (MDM) prévue pour le milieu d’année.
Il est encore possible de participer au développement de l’OS, soit en passant par l’outil de financement participatif présenté sur le site de la fondation /e/, « créée pour recevoir les dons et protéger le cœur open source du projet », soit en contactant directement M. Duval et son équipe pour un partenariat plus concret.