La maturité en cybersécurité des communes françaises reste préoccupante
Le dernier baromètre de la maturité cybersécurité des communes françaises de Cybermalveillance.gouv.fr montre que les dépenses dans ce domaine sont très majoritairement fléchées sur des solutions techniques et des équipements de sécurité. 44 % des collectivités estiment que leur exposition aux risques cyber est faible.
La cybersécurité est l’affaire de tous. Y compris des communes – même les plus petites – qui sont également des cibles pour les cyberattaquants. La 3e édition du baromètre de la maturité cybersécurité des communes françaises (dont 72 % de 1 000 habitants et moins) mené par Opinionway pour le compte de Cybermalveillance.gouv.fr apporte sur le sujet plusieurs indicateurs très intéressants. 54 % des communes déclarent ne pas être préparées en cas d’attaque et la moitié ne disposent pas d’un plan de reprise ou de continuité d’activité. Et ce alors que 98 % d’entre elles redoutent de la destruction/vol de données et de l’interruption d’activités et de services en cas de cyberattaque.
« 1 collectivité sur 10 déclare avoir été confrontée à un incident de sécurité informatique dans l’année, un score qui ne diminue donc pas. Des incidents surtout liés à de l’hameçonnage ; ce dernier même si moins cité, demeure en effet de loin l’attaque la plus fréquente. Des attaques dont 45% des répondants déclarent ne pas en connaître les causes », peut-on lire dans le baromètre. « Les collectivités de moins de 1 000 habitants sous-estiment davantage les risques de cyberattaque malgré leur plus faible taux d’équipement. » Paradoxalement, seulement 39 % des communes françaises estiment leur niveau d’exposition aux attaques faible (+ 6 points par rapport à 2023) contre 33 % qui avancent que ce risque est élevé (- 4 points). Une situation qui s’expliquerait par le fait que les communes sont de plus en plus nombreuses à déclarer avoir un bon niveau de protection. Par conséquent, elles considèrent qu’elles sont moins exposées aux risques, et que nombre de petites collectivités « se sentent plus éloignées des situations à risque et dont le diagnostic est faussé. »
Des solutions avant la sensibilisation
Excès de confiance et sentiment d’être éloignées des risques cybersécurité amènent-ils les petites communes françaises à négliger leurs investissements en cybersécurité ? Ou peut-être qu’elles voudraient investir plus mais n’en n’ont-elles pas les moyens ? Quoi qu’il en soit il ressort que les budgets consacrés à la sécurité informatique sont dans la fourchette basse. Et encore : 77 % des collectivités consacrent moins de 2 000 € à la sécurité informatique, une proportion qui grimpe à 77 % pour celles considérant avec une exposition aux risques faible. 7 % indiquent un budget entre 2 000€ et 4 999 €, 2 % entre 5 000 € et 9 999 € et 2 % entre 10 000 et 20 000 €. Seulement 1 % déclarent un budget supérieur à 20 000 € alors que 11 % ne savent pas l’évaluer. Ces budgets devraient peu bouger l’an prochain (66 % des répondants indiquent qu’il n’évoluera pas, 10 % qu’il sera en hausse et 1 % en baisse tandis que 23 % ne savent pas.)
En termes de destination du budget, 90 % est fléché vers des solutions techniques et des équipements de sécurité, 31 % vers des actions de sensibilisation et 7 % pour d’autres usages. Parmi les dispositifs en place, arrivent en tête l’anti-virus (88 %) suivi de près par les sauvegardes (85 %), et les pare-feux (61 %). Plus loin, on trouve une politique de mot de passe (41 %), un gestionnaire de mots de passe (22 %), du MFA (11 %) ou encore un SOC (8 %), ou de la détection d’attaque type XDR (6 %). A noter que la gestion de la sécurité informatique est très largement externalisée (50 %) et à 12 % seulement internalisée, le modèle mixte représentant 20 % des cas et que pour 11 % cette gestion est tout simplement inexistante et que 7 % des répondants n’en savent rien. Enfin, on aurait pu penser que plusieurs événements externes d’importance comme les JO ou encore NIS 2 auraient pu influencer le renforcement de la politique cybersécurité des communes mais il s’avère que cela n’a pas été du tout le cas : seulement 3 % indiquent que les JO 2024 ont une influence pour renforcer leur politique cybersécurité, à égalité avec NIS 2.