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Red Hat : une stratégie du changement perpétuel

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Red Hat : une stratégie du changement perpétuel

Lors du récent Red Hat Summit, le dirigeant de la société Jim Whitehurst a déclaré que l’ancienne approche en terme de stratégie business était morte et enterrée. Aujourd’hui, l’entreprise privilégie une stratégie visant à tester plusieurs approches en même temps, en éliminant celles qui ne fonctionnent pas. Le tout à vitesse grand V.

 

Avant que vous ne vous mettiez à bailler, il convient de rappeler que Red Hat a connu 64 trimestres consécutifs de croissance de ses revenus. La société est généralement plus connue pour sa distribution Linux Red Hat Enterprise Linux (RHEL), mais la société s’est transformé au fil des années en acteur majeur du cloud, à travers son offre Red hat OpenShift. Et la société est en route pour devenir la première entreprise open source à générer 1 milliard de dollars de revenus par trimestre. Autant dire que Red Hat connaît son business.

Dans sa conférence d’ouverture ainsi que dans plusieurs interview, Whitehurst s’est expliqué : «  Dans un monde toujours plus imprévisible, où nous attaquons les problèmes par le bas de la pyramide, notre capacité à planifier les évolutions à venir est bien moindre que ce qui a pu être le cas par le passé. »

Selon Whitehurst, le monde d’aujourd’hui force les entreprises à prendre en compte une part d’incertitude. Les anciens plans de développement sont pour « des entreprises qui étaient optimisés pour un monde plus lent. » Ce type d’outil est aujourd’hui obsolète.

« Chez Red Hat, nous testons 10 nouvelles choses différentes sur une période de 90 jours » 

En exemple, Whitehurst évoque cette conversation qu’il a eu avec le dirigeant d’une banque « Ils nous demandaient notre avis sur les grands chantiers technologiques qu’ils devaient mettre en place dans les trois années à venir. Je leur ai répondu qu’ils faisaient fausse route : la probabilité pour qu’ils fassent « le bon choix » est proche de zéro. Nous n’avons pas la moindre idée de ce que seront les technologies de paiement d’ici trois ans. »

Cela vous paraît insensé ? Whitehurst a également cité en exemple une entreprise d’automobile : « Si vous étiez General Motors il y a quelques années, vos concurrents étaient Ford ou Chevrolet. Aujourd’hui, Uber est venu changer tout cela. Nous ne savons même pas si les gens vont continuer à acheter des voitures. » Les banques ? Personne ne sait encore ce que la blockchain changera pour les banques.

Whitehurst cite le big data comme l’exemple parfait d’une approche à l’ancienne et des dégâts qu’elle peut faire pour une entreprise : « Nous avons vu émerger des centaines d’entreprises dans le domaine du big data. Mais ce chiffre s’est aujourd’hui recentré sur un ou deux gagnants. » Mais si dans les premières heures, vous aviez parié sur l’un d’entre eux et que celui ci n’a pas survécu, c’est une perte d’argent et d’énergie.

Le problème est toujours le même : « Quand vous planifiez, vous avez besoin de faire des hypothèses. Mais on ne peut pas se le permettre aujourd’hui. C’est inutile de faire des hypothèses sur un monde qui risque de ne jamais exister. »

« Dans un monde aussi imprévisible, où des concurrents venus d’un secteur complètement différent peuvent soudainement prendre une place importante sur votre marché, nous sommes forcés de reconnaître qu’il nous est impossible de planifier à l’avance » poursuit le dirigeant.

En revanche, vous devriez sûrement repenser votre entreprise pour l’adapter « au changement, sans que l’on sache de quoi il sera constitué. Vous devez armer vos équipes avec les connaissances et les outils nécessaires pour prendre les bonnes décisions. Ceci n’est possible qu’en disposant d’équipes investies, capable de réagir rapidement face aux changements qui arrivent. »

Le meilleur moyen d’y parvenir est d’adopter une approche Agile, qui s’appuie sur l’idée de tester, apprendre et modifier les stratégies mises en place à la volée. Pour parvenir à cela, Whitehurst estime qu’il convient de faire un bon usage des outils à votre disposition, préférer compter sur la montée en puissance des collaborateurs plutôt que sur l’automatisation des taches.

Pour utiliser ces outils, Whitehurst explique que les dirigeants doivent les utiliser pour travailler en étroite collaboration avec leurs équipes et prendre les bonnes décisions.

Comment est-ce que cela se concrétise ? « Chez Red Hat, nous testons 10 nouvelles choses différentes sur une période de 90 jours, Et la plupart d’entre elle seront finalement abandonnées. Nous avons tout à fait conscience de ce fait. Mais cela nous permet d’apprendre et de prendre nouvelles décisions. Nous préférons miser peu et avancer vite. »

Cela ne signifie pas pour autant que Red Hat choisit toujours la meilleure option, admet Whitehurst : « Quand nous avons lancé OpenShift, nous n’utilisions pas Kubernetes. Dans un schéma traditionnel, cela aurait probablement conduit le projet à une mort prématurée. Mais quand nous avons vu Kubernetes prendre de l’importance, nous l’avons simplement adopté et OpenShift en ressort grandi. »

« Nous ne savons pas dans quelle direction le futur évoluera. Mais nous sommes prêts à admettre nos erreurs et à faire évoluer notre stratégie pour nous adapter » résume Whitehurst.


Et après ? « Nous évitons de regarder le plan originel et de nous demander si nous sommes toujours dans la ligne. Lorsque vous restez accroché à un plan, vous risquez de prendre de mauvaises décisions. » Au contraire, Red Hat « estime que ses employés doivent lui rendre des comptes sur leurs efforts et non sur leur capacité à suivre un plan à la lettre. »


Cette approche est elle efficace et peut elle être comparée aux anciennes pratiques ? Non. Mais nous ne sommes plus au XXe siècle. Bien sur, si vous êtes à la tête d’une entreprise comme Apple, Amazon ou Wall Mart, vous pouvez toujours vous concentrer sur l’amélioration de votre chaîne d’approvisionnement. Mais pour les autres, « l’innovation est plus important que l’efficacité » comme le rappelle Whitehurst. Au vu des performances de Red Hat, on peut envisager qu’il n’ait pas tort.

Cet article est une traduction de « Red Hat on its way to becoming the first billion-dollar-a-quarter open-source company » initialement publié sur ZDNet.com